
Cette semaine, j’ai eu l’opportunité de lire deux articles de recherche d’une grande importance, traitant de deux sujets étroitement liés dans leur gravité et leur impact sur la structure de l’État et sa position, tant au niveau national qu’international.
Le premier article analyse en détail ce qu’il appelle "Les dysfonctionnements ou violations juridiques négatives en matière de nominations techniques et de haut niveau dans l'administration publique ", tandis que le second se concentre sur ce que l’on pourrait appeler « la faiblesse de la communication non verbale chez certains représentants de l’État sur la scène internationale ».
1. Les nominations fonctionnelles… Quand le droit croise l’arbitraire
Le premier article soulève une problématique aussi ancienne que persistante : comment les institutions étatiques peuvent-elles remplir leurs rôles si les critères de nomination aux postes de responsabilité obéissent à des considérations politiques ou à des loyautés étroites, au lieu de la compétence et du mérite ? Ces nominations, souvent opaques, résultent parfois d’une interprétation vague de la loi, voire de son utilisation comme outil de passage plutôt que de reddition de comptes. Elles compromettent fondamentalement le principe d’équité et ouvrent la porte au recrutement aléatoire et à la corruption administrative.
Ce qui est regrettable dans ce contexte, c’est que ces pratiques ne se limitent pas à un secteur particulier, mais s’étendent à divers domaines, qu’ils soient civils, sécuritaires ou diplomatiques. Cela affaiblit, en dernier, la structure de l’État, lui fait perdre la confiance du peuple et nuit à sa capacité à prendre des décisions éclairées.
L’un des critères fondamentaux d’un État moderne est sa capacité à mettre en place des mécanismes transparents de recrutement et de nomination, fondés sur le mérite, et à soumettre les responsables à un contrôle et à une reddition de comptes. Sans cela, l’État devient une machine alourdie par le clientélisme et dépourvue d’efficacité, ce qui est intolérable dans un monde où les nations rivalisent d’innovation et de productivité.
2. Le langage corporel dans l’action diplomatique… un reflet silencieux de l’identité nationale
La deuxième étude aborde un aspect souvent négligé dans les débats publics mais essentiel dans les relations internationales : le langage corporel des diplomates. Dans l’imaginaire collectif, un diplomate est un communicateur accompli, capable d’exprimer avec finesse et élégance les positions de son pays. Toutefois, au-delà des mots, c’est souvent par les gestes, les regards, les silences et la posture que s’écrit la diplomatie réelle.
Le langage corporel, dans ce contexte, n’est pas anodin. Il est une forme de discours silencieux, mais hautement significatif. Une poignée de main mal assurée, un regard fuyant, une posture fermée peuvent compromettre l’image de l’État, créer des malentendus ou affaiblir une position stratégique. À l’inverse, une attitude maîtrisée, un sourire opportun, un silence bien placé peuvent renforcer la crédibilité, rassurer les partenaires ou affirmer une volonté sans agressivité.
Le plus préoccupant, comme le souligne la recherche, est que certains représentants souffrent d’un manque de conscience de l’impact de leur langage corporel, révélant un déficit dans la formation diplomatique. Car s’exprimer, ce n’est pas seulement manier les langues, c’est aussi savoir se tenir, écouter, regarder, et projeter avec le corps tout entier une image cohérente avec le message verbal.
Ce manque de préparation à la communication non verbale peut affaiblir la représentation internationale de l’État et laisse entrevoir une lacune dans les dispositifs de formation, qui devraient intégrer pleinement la maîtrise du langage corporel comme compétence de base du diplomate moderne.
Appel à réforme profonde
Ces deux articles mettent en lumière deux faces d’une même problématique : l’absence d’une démarche institutionnelle dans la construction des compétences au sein de l’État. Les nominations arbitraires et le manque de préparation à la communication diplomatique – verbale et non verbale – témoignent d’un dysfonctionnement plus profond dans la structure du système administratif et éducatif, qui appelle à une révision globale.
La réforme du système de nomination commence par la restructuration des lois en vigueur, l’établissement de critères rigoureux pour les hauts postes, et le renforcement du rôle des organes de contrôle pour empêcher tout abus ou laxisme. Parallèlement, la formation diplomatique doit être envisagée comme une carrière professionnelle nécessitant une préparation de long terme :
- Maîtrise des langues,
- Compréhension des contextes culturels,
- Connaissance de l’histoire nationale et internationale,
- Capacité à s’exprimer aussi bien par les mots que par la présence.
Le langage corporel, en diplomatie, est un marqueur d’identité, un pont pour la compréhension, et un levier d’influence. Et de la même manière que la justice commence par; la nomination de la bonne personne au bon poste, le respect dû à l’État par la maîtrise, par ses représentants, de toutes les formes d’expression qui incarnent sa dignité et sa vision.
C’est un appel, non seulement à un diagnostic, mais à une action sérieuse pour bâtir un État de compétence et de respect, un État qui choisit judicieusement ceux qui parlent – et agissent – en son nom, et qui protège ses institutions contre le favoritisme et l’arbitraire.